Liu J, Mantha A, Benjamin TD et al. Depictions of strabismus in children’s animated films. Pediatrics, 2024; 154:2024067355.

Publier un article demande souvent de nombreux efforts pour identifier, ordonner des données, puis les rassembler autour d’une “histoire”… Les auteurs de cet article publié ce mois dans Pediatrics ont préféré regarder des films, même pas des films français d’arts et d’essais, mais plutôt des films d’animation américains. Pour rédiger cet article, ces auteurs ont, en effet, vu ou revu la totalité des films d’animation sortis par Walt Disney Animation Studios entre 1989 et 2022 et tous les films sortis par Pixar, DreamWorks et Studio Ghibli avant 2023 !

Ils ont identifié tous les personnages de ces films atteints de strabisme. Cinq évaluateurs ont effectué indépendamment une analyse des traits de caractère de tous les personnages atteints de strabisme, et un test de proportion d’échantillons a été utilisé pour la comparaison statistique de ces traits.

Cent vingt-cinq films répondaient aux critères d’inclusion. Les auteurs ont identifié 46 personnages atteints de strabisme, dont au moins un dans 33 des 125 films. Ces personnages étaient plus souvent représentés comme inintelligents (30 %) qu’intelligents (2 %), méchants (15 %) que héros (4 %), et suiveurs (41 %) que leaders (7 %). Vingt-six (58 %) étaient muets ou ne parlaient pas, 24 % étaient dépeints comme effrayants, 35 % avaient d’autres difformités physiques et 35 % étaient maladroits. Les tests de fiabilité inter-juges ont montré un accord substantiel (κ 0,61- 0,80) ou modéré (κ 0,41- 0,60) entre les évaluateurs pour la plupart des traits de caractère.

Les auteurs montrent ainsi que les personnages atteints de strabisme sont relativement fréquents dans les films d’animation (fig. 1). Ils sont le plus souvent représentés de manière négative ce qui influence probablement la perception du strabisme par un public jeune et influençable. Ainsi, ces films peuvent accentuer la stigmatisation des enfants atteints de strabisme [1, 2].

On peut noter que, dans une démarche plus large, Disney a récemment fait précéder certains dessins animés du xxe siècle d’une annonce précisant : “Ce programme comporte des représentations négatives et/ou de mauvais traitements de personnes ou de cultures. Ces stéréotypes étaient erronés à l’époque et le sont encore aujourd’hui. Plutôt que de supprimer ce contenu, nous voulons reconnaître son impact néfaste, en tirer des leçons et susciter des conversations pour créer ensemble un avenir plus inclusif, etc.” [3]. L’annonce permet tout au moins d’éviter une démarche de “cancel culture” qui aurait consisté à supprimer ces dessins animés.

Comme le font remarquer les[...]

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