Le changement climatique devrait constituer l’un des plus grands défis du xxie siècle. Les soins de santé eux-mêmes contribuent largement aux émissions de carbone et seraient responsables de 5 à 10 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde (Sources Ademe et ShiftProject). La détermination de l’empreinte carbone d’activités de soins de santé spécifiques, telle que la chirurgie de la cataracte, permet d’évaluer les émissions associées et d’identifier des opportunités de réduction. L’impact environnemental de la cataracte a été fréquemment étudié en raison de son volume très important (presque un million d’interventions chaque année) et d’une facilité relative pour obtenir des données chiffrées pour un acte très standardisé.
Bilan carbone et analyse de cycle de vie de la chirurgie de la cataracte
Une des premières analyses a été réalisée par Morris et al., en 2013 à Cardiff (Pays de Galles) [1]. Cette équipe a publié le bilan carbone d’une chirurgie de cataracte dans leur centre. Une cataracte génère 181 kg eqCO2 (soit presque l’équivalent de 1 000 km en voiture). Plus de la moitié de ces émissions de gaz à effet de serre (GES) sont dues au matériel (54 %) et, en particulier, aux instruments et à l’implant (33 % des émissions de GES), les bâtiments et la consommation d’énergie (36 %) et le transport des patients et des soignants (10 %). Il convient de noter que la part d’émission des GES liée à la consommation énergétique dépend très fortement du mix des pays : les émissions de GES diminuent avec l’usage d’énergie provenant du nucléaire. Les auteurs insistent sur la nécessaire discussion avec les industriels, notamment ceux chargés de la conception et de la production des implants.
Une étude française a évalué en analyse de cycle de vie (ACV – une méthode plus complète et précise que le bilan carbone), le bilan écologique d’une cataracte (J Fr Ophtalmol, 2022). Le bilan Ferrero A et al. retrouvent qu’une cataracte en France équivaut à environ 81 kg eqCO2 émis. 73 % du bilan carbone d’une cataracte[...]
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