Les rétinites virales (RV) représentent un groupe de pathologies rétiniennes rares et potentiellement cécitantes impliquant l’HSV (herpes simplex virus) 1 et 2, le VZV (varicella zoster virus), le CMV (cytomégalovirus) et plus exceptionnellement le virus d’Epstein-Barr (EBV) [1]. L’incidence des RV reste extrêmement faible (de l’ordre d’1 cas pour 1,5 million d’habitants) malgré une forte séropositivité mondiale pour les virus du groupe herpès [2, 3]. L’interaction entre l’agressivité des souches virales et l’immunité de l’hôte conditionne l’apparition de ces pathologies et leur présentation clinique, qui va de la nécrose rétinienne aiguë chez les personnes immunocompétentes, à la rétinite à CMV ou la rétinite nécrosante externe progressive chez les personnes immunodéprimées. Cet article se concentrera sur les rétinites causées par les virus HSV-1 et 2 et VZV.

Nécrose rétinienne aiguë

La nécrose rétinienne aiguë ou ARN (acute retinal necrosis) est la forme de rétinite la plus fréquente chez le sujet “apparemment immunocompétent”, mais elle peut également s’observer chez le sujet immunodéprimé, avec des particularités cliniques qui seront détaillées plus loin. Décrite pour la première fois dans les années 1970 sous la forme d’une panuvéite unilatérale associant une nécrose rétinienne rapidement progressive et une vascularite artérielle, l’ARN n’obtient la preuve de l’implication des virus du groupe herpès que dans les années 1980 [4].

Sa définition se base sur les signes cliniques énoncés par la Société Américaine d’Uvéite (Holland) [5], à savoir la présence d’un ou plusieurs foyers de nécrose rétinienne périphérique d’extension circonférentielle et centripète, la présence d’une vascularite occlusive, d’une hyalite ± d’une réaction de chambre antérieure, parfois associées à une papillite, une atrophie optique ou plus rarement une sclérite. La classification japonaise de 2015 a apporté plusieurs niveaux de certitude diagnostique (tableau I),[...]

Connectez-vous pour consulter l'article dans son intégralité.