Les kératites herpétiques sont les manifestations les plus fréquentes de l’herpès oculaire. Elles concernent environ 100 000 personnes en France [1]. Comme pour les autres manifestations cliniques liées au virus de l’herpès, ce sont les récurrences qui posent problème.

D’une part, elles risquent à chaque épisode de laisser des séquelles cornéennes, sous la forme d’opacités ou de néovaisseaux, et donc de faire un peu plus baisser la vision. Les kératites herpétiques constituent la première cause de cécité d’origine infectieuse dans les pays industrialisés [2]. En outre, les récidives altèrent à chaque fois un peu plus l’innervation cornéenne, avec des troubles secondaires de la surface oculaire qui vont de la sécheresse oculaire à la kératopathie neurotrophique [3]. Enfin, les récurrences herpétiques ont des conséquences majeures sur la qualité de vie des patients, autant que le glaucome ou la DMLA [4]. La crainte de faire une récidive à tout moment et éventuellement de perdre la vision occupe beaucoup l’esprit des patients.

Les différents types de récurrence

La définition du type de récurrence et la compréhension de la physiopathologie sous-jacente est une étape préalable cruciale pour optimiser la prévention. On observe :
– les récurrences “purement réplicatives” où la manifestation clinique est quasi-exclusivement liée à la multiplication du virus dans les tissus oculaires [5]. C’est le cas des kératites épithéliales dendritiques (fig. 1), géographiques, et de certaines kératites limbiques, prenant l’aspect de kératites en archipel [6] ;
– les récurrences “avec une composante inflammatoire”, où la manifestation clinique est en partie liée à la réaction immunitaire dirigée contre le virus. Les kératites stromales (fig. 2), caractérisées par un infiltrat stromal sans œdème cornéen plus ou moins associé à des néovaisseaux (fig. 3), sont très majoritairement dys­immunitaires, tandis que les endothélites [5][...]

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