Lumière bleue, encore !

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Cougnard-Grégoire A, Merle BMJ, Aslam T et al. Blue Light Exposure: Ocular Hazards and Prevention-A Narrative Review. Ophthalmol Ther, 2023;12:755-788.

Depuis quelques années, les données scientifiques s’accumulent pour rassurer la communauté des ophtalmologistes vis-à-vis d’une éventuelle toxicité rétinienne de l’exposition à la lumière ambiante ou artificielle dans des conditions “normales”. Dans ce contexte, il est étonnant de voir certains de nos contemporains avec des verres bloquant la lumière bleue au prétexte qu’ils utilisent un ordinateur, ou de voir que l’Académie de médecine recommande le port de lunettes filtrant les bleus chez les adolescents [1].

L’article publié en février dernier par une équipe internationale comportant de nombreux auteurs français constitue une revue prudente de la littérature sur un sujet relativement controversé. Les auteurs évoquent le contexte d’une majoration de la lumière bleue dans nos environnements, en particulier en raison du mode de vie sédentaire qui comporte l’exposition à la lumière artificielle produite par des LED, de l’usage des écrans qui a encore été majoré depuis la récente pandémie et l’essor du télétravail. Ils évoquent ensuite le vieillissement de la population et la crainte évoquée par certains d’une majoration à l’avenir des pathologies rétiniennes dues à l’exposition à la lumière artificielle. Les auteurs concluent qu’actuellement, rien ne prouve que les LED utilisées normalement à des niveaux d’intensité domestiques ou dans des dispositifs à écran soient rétinotoxiques pour l’œil humain. La toxicité potentielle d’une exposition cumulative à long terme et l’effet dose-réponse restent actuellement spéculatifs. La conclusion de l’article rejoint donc celle de la commission européenne SHEER de 2018 et celle d’autres auteurs [2, 3].

Un paragraphe intéressant concerne l’influence de la lumière sur la réfraction. Chez les enfants myopes, on recommande une augmentation du temps consacré aux activités en extérieur, une diminution des activités de près et l’on conseille de privilégier la lumière naturelle [4]. Les auteurs rappellent le rôle de la dopamine qui intervient comme neurotransmetteur et stimule des récepteurs spécifiques des couches plexiformes. La sécrétion de dopamine dans la rétine est stimulée par la lumière et a un effet inhibiteur sur la croissance de l’œil [5]. Des études sur modèles animaux ont suggéré que l’exposition à la lumière bleu-violet (360-400 nm) augmentait l’expression d’un gène suppresseur de la myopie (EGR1) et diminuait la croissance de la longueur axiale [6].

Pour plusieurs auteurs, la lumière serait un moyen de contrôle idéal sur la réfraction en termes d’efficacité et de sécurité. L’influence de la[...]

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À propos de l’auteur

Centre de Rétine Médicale, MARQUETTE-LEZ-LILLE, Service d’Ophtalmologie, Hôpital Lariboisière, PARIS.