En 1971, Goldberg introduit une classification en 5 stades de la rétinopathie drépanocytaire désormais éponyme, qui sépare la maladie en occlusions artériolaires périphériques (stade 1), anastomoses artério-veineuses périphériques (stade 2), proliférations néovasculaires prérétiniennes en sea-fans (stade 3), hémorragie du vitré (stade 4) et décollement de rétine (stade 5). Cette classification se base sur les anomalies périphériques visibles au fond d’œil et sur des clichés 30° périphériques en angiographie à la fluorescéine. Elle n’a pas été révisée depuis mais reste largement utilisée en pratique clinique courante, en particulier pour décider d’un traitement par laser dans les formes proliférantes.

Cinquante ans plus tard, les progrès de l’imagerie rétinienne ont considérablement amélioré notre compréhension de cette pathologie, offrant des images de plus en plus détaillées des capillaires rétiniens avec l’OCT-angiographie (OCT-A) et de plus en plus périphériques avec l’imagerie grand champ.

Les patients atteints de rétinopathie drépanocytaire restent asymptomatiques jusqu’au développement des complications (hémorragie intravitréenne et décollement de rétine). Un dépistage avant leur survenue est recommandé par un examen périodique. Il n’existe aucun consensus sur le rythme de surveillance et le type d’imagerie à réaliser. Si le recours à l’angiographie était jusque-là usuel, l’arrivée de nouvelles modalités d’imagerie interroge nos pratiques.

L’imagerie grand champ est-elle indispensable ? (fig.1)

À l’inverse des néovaisseaux de la rétinopathie diabétique qui surviennent généralement dans la région rétro-équatoriale, les proliférations néovasculaires prérétiniennes dans la drépanocytose sont situées plus en périphérie. Les appareils d’imagerie grand champ sont donc particulièrement intéressants puisqu’ils permettent d’acquérir en une seule prise une image couvrant jusqu’à 200 degrés de la surface rétinienne de manière non invasive et rapide.[...]

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