Dossier : Décollement de rétine – Éditorial

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Peu de maladies de la rétine sont connues du grand public mais le décollement de rétine, malgré une incidence assez faible, fait partie de ce groupe très restreint. Ce “privilège” est dû à plusieurs facteurs. Avant tout, il est plutôt facile à diagnostiquer en raison de son impact dramatique sur l’acuité visuelle mais aussi de ses signes bien visibles et distincts à l’examen du fond d’œil. Par ailleurs, il est responsable de cécité, ce qui a poussé les ophtalmologistes à rechercher activement un traitement, d’autant plus que son mécanisme semblait simple : la rétine se décolle, il suffirait de la remettre à sa place…

Ce qui nous semble aujourd’hui évident n’a pas tout de suite été compris, à savoir que les déchirures n’étaient pas la conséquence mais la cause du décollement ou bien qu’il y avait un lien entre le décollement du vitré et celui de la rétine. C’est cette compréhension qui a mené à l’élaboration de traitements. Ces traitements reflètent les technologies ou les modes des époques : quand ce que l’on savait faire était d’inciser et de suturer avec des instruments, l’indentation a été utilisée et quand les machines, en particulier miniaturisées, sont apparues en médecine et en ophtalmologie, la vitrectomie a pris le dessus. La prise en charge des décollements de rétine s’est ainsi considérablement raffinée au cours du temps, avec des données qui d’ailleurs continuent d’évoluer.

Ce dossier de Réalités Ophtalmologiques a pour vocation de proposer une mise à jour de nos connaissances pour une prise en charge optimale des patients consultant pour un décollement de rétine. Il répond à des questions pratiques : comment diagnostiquer un décollement de rétine et ne pas passer à côté d’un diagnostic différentiel ? Une fois le diagnostic posé, quel est le degré d’urgence des décollements et, compte tenu des dernières connaissances, quel est le délai acceptable pour les opérer ? Que faire face aux décollements chroniques ? Comment le traitement est-il mis en place en 2022 ? Et quelle place pour le plus ancien traitement des décollements, à savoir la chirurgie ab externo ?

Pour répondre à ces questions, des experts parmi les plus expérimentés dans ce domaine ont été invités pour exposer les attitudes et leurs justifications dans des articles clairs et pratiques. La lecture de ce dossier satisfera pleinement ceux qui sont à la recherche de formations médicales continues de qualité, surtout sur un sujet qui peut se révéler une urgence thérapeutique dans certaines circonstances.

Je conclurai cet éditorial sur une réflexion personnelle : les prises en charge actuelles sont uniquement basées sur le même principe ancien de la déchirure causale. Or, des yeux continuent à être perdus à un taux quasiment constant depuis plusieurs décennies : pourquoi n’arrivons-nous[...]

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À propos de l’auteur

Université de Paris ; Hôpitaux Lariboisière, Saint-Louis et Fondation Adolphe de Rothschild, PARIS.