Les progrès récents accomplis grâce aux avancées technologiques dans les domaines de la thérapie cellulaire, du génie tissulaire et des biomatériaux permettent maintenant de concevoir la possibilité d’une véritable cornée artificielle, notamment par la régénération tissulaire des différentes couches de la cornée, en complément des classiques kératoprothèses qui conservent encore aujourd’hui quelques indications.

Pénurie de greffons cornéens

On estime à près de 4,9 millions le nombre d’individus qui souffrent de cécité cornéenne bilatérale dans le monde et à 23 millions ceux qui souffrent de cécité cornéenne unilatérale [1]. La transplantation cornéenne constitue à l’heure actuelle le seul traitement disponible pour ces patients. La cornée est l’un des tissus les plus greffés et pourtant, à l’échelle mondiale, l’offre ne suffit pas à répondre à la demande et il existe une pénurie sévère en cornées greffables.

Une revue récente de Gain et al. rapporte une estimation de 12,7 millions du nombre de personnes inscrites sur une liste d’attente pour greffe de cornée [2]. Seulement une proportion de 1/70 d’entre elles aura la chance d’être greffée en raison du manque endémique de cornées greffables. La situation s’est encore aggravée depuis la pandémie de COVID-19, avec un déficit de 30 % de greffons disponibles en France pour l’année 2021 en comparaison des années précédentes.

Limites de la greffe de cornée

Malgré un taux de succès globalement satisfaisant et des progrès notoires dans les différentes techniques de greffe lamellaire, la greffe de cornée demeure limitée à plusieurs niveaux. Aucune greffe allogénique n’est à l’abri du rejet. De plus, les greffes impliquant le remplacement du stroma cornéen, telles que la kératoplastie lamellaire antérieure profonde et la greffe transfixiante, sont particulièrement lourdes en termes de réhabilitation fonctionnelle. La section de l’innervation sensitive sur 360° entraîne une anesthésie du greffon qui ralentit la cicatrisation. La disparité de taille, d’épaisseur[...]

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