Mainster MA, Findl O, Dick HB, Desmettre T, Ledesma-gil G, Curcio CA, Turner PL. The blue-light-hazard vs. blue-light-hype. Am J Ophthalmol, 2022:S0002-9394(22)00072-1. Epub ahead of print.
“Il y a de longues années vivait un empereur qui aimait par-dessus tout être bien habillé. Un beau jour, deux escrocs arrivèrent dans la grande ville de l’empereur. Ils prétendirent savoir tisser une étoffe que seules les personnes sottes ou incapables dans leurs fonctions ne pouvaient pas voir et proposèrent au souverain de lui en confectionner un habit” (fig. 1) [1].
Peu de patients ou même de cliniciens savent ce que le terme de “toxicité rétinienne de la lumière bleue” recouvre. Lorsque des sites d’opticiens incitent les patients à protéger leurs yeux des dangers de la lumière bleue [2, 3], lorsque des optométristes américains publient des articles dont le titre commence par “le soleil est votre pire ennemi” [4] et lorsque les fabricants de verres affirment que leurs produits offrent une protection contre les dangers de la lumière bleue [5], on peut se demander comment l’humanité a réussi à survivre sans protection spécifique pendant des millénaires.
La toxicité de la lumière bleue est un concept développé sur la base d’expérimentations : une exposition brève et intense de la rétine à la lumière est hautement toxique, favorisant les brûlures, en particulier maculaires après exposition au soleil ou après endo-illumination lors d’une chirurgie (rétinopathie photique) [6-8].
Les données sur les dangers de la lumière bleue proviennent d’expériences réalisées sur des singes rhésus anesthésiés à l’aide d’une lampe au xénon de 2 500 W et d’expositions rétiniennes d’une durée de 1 à 1 000 s [9]. Elles n’ont rien à voir avec l’éclairage intérieur ou extérieur habituel, qui produit des irradiations rétiniennes dont l’ordre de grandeur est un million de fois inférieur [6-8]. L’utilisation détournée de cette notion a récemment incité la Commission internationale de l’éclairage à publier une mise au point soulignant que le terme de “danger de la lumière bleue” ne devrait être utilisé que pour les conditions impliquant la fixation de sources de lumière brillante telles que le soleil ou les arcs de soudure [6].
Les auteurs de cet article publié en février dans l’American Journal of Ophthalmology, auquel votre serviteur a très modestement contribué, analysent les données cliniques, épidémiologiques et biophysiques concernant les chromophores optiques filtrant le bleu. Ils montrent comment, depuis une vingtaine d’années, ce terme de “toxicité de la lumière bleue” a été utilisé à des fins commerciales pour suggérer, à tort, que l’exposition chronique à la lumière ambiante[...]
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