Polysulfate de pentosan sodique et toxicité rétinienne

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Abou-Jaoude M, Fraser C, Maldonado RS. Update on maculopathy secondary to pentosan polysulfate toxicity. Curr Opin Ophthalmol, 2021;32:233-239.

Le polysulfate de pentosan sodique (PPS) est un glucosaminoglycane semi-synthétique, analogue aux héparines de bas poids moléculaire, aux propriétés anticoagulante, fibrinolytique et anti-inflammatoire. Ce médicament est utilisé en urologie avec une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour le syndrome de la vessie douloureuse de l’adulte, en particulier dans les cystites interstitielles. L’effet sur les symptômes (douleur, pollakiurie, urgenturie, nycturie notamment) ne semble pas clairement établi. Un rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) de janvier 2018 fait état d’un faible service médical rendu, sans impact évident sur la qualité de vie des patients [1].

Depuis un premier article publié en 2018 par Pearce et al. [2], le site du Vidal précise la possibilité de maculopathies pigmentaires associées au PPS [3]. Une revue publiée en mai dans Current Opinion in Ophthalmology précise les données sur l’incidence et la dose toxique du PPS pour l’épithélium
pigmentaire et la rétine maculaire.

Depuis l’article de Pearce, des études complémentaires ont permis de mieux caractériser la toxicité du PPS comme un dysfonctionnement de l’épithélium pigmentaire rétinien centré sur le pôle postérieur, qui peut progresser malgré l’arrêt du médicament (fig. 1). L’exposition requise peut être aussi faible que 0,325 kg en 2,25 ans, mais la moyenne est plus proche d’une dose cumulée de 1 à 2 kg pendant 10 à 15 ans. L’imagerie multi­modale devra inclure la réflectance dans le proche infrarouge, l’OCT et l’autofluorescence du fond d’œil (fig. 2).

Des études transversales ont mis en évidence une corrélation entre la dose cumulative et la probabilité comme la gravité de la maculopathie. Les premières estimations de la prévalence varient de 12,7 à 41,7 % selon la posologie, avec des taux globaux d’environ 20 %.

Devant un patient associant des altérations inexpliquées de l’épithélium pigmentaire maculaire et des difficultés d’adaptation à l’obscurité, l’interrogatoire recherchera une exposition au PPS. De même, les patients dont l’exposition au PPS est connue doivent être examinés. Des recherches supplémentaires sont encore nécessaires pour affiner les protocoles de dépistage mais on peut actuellement envisager un examen initial et un examen après 5 ans et/ou 500 g d’exposition, suivis d’un dépistage annuel d’une éventuelle toxicité maculaire.

Bibliographie

  1. Rapport de la Haute Autorité de Santé (HAS) de 2018 : www.has-sante.fr/jcms/c_2826597/fr/elmiron-pentosan-sodique-polysulfate-ou-pps
  2. Pearce[...]

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À propos de l’auteur

Centre de Rétine Médicale, MARQUETTE-LEZ-LILLE, Service d’Ophtalmologie, Hôpital Lariboisière, PARIS.