Godinho RM, Spikins P, O’Higgins P. Supraorbital morphology and social dynamics in human evolution. Nat Ecol Evol, 2018. [Epub ahead of print]
Pour la plupart d’entre nous, le premier rôle de l’arcade sourcilière est de nous prémunir des projectiles et le rôle du sourcil serait d’abord de nous protéger de la lumière solaire [1]. Une étude publiée le mois dernier par une équipe britannique et portugaise fait entrevoir un autre rôle et amène quelques réflexions sur l’évolution de la morphologie du visage des êtres humains depuis la Préhistoire et sur l’évolution de la communication pré linguistique.
Pour ces auteurs, l’atténuation progressive des arcades sourcilières coïncide en effet avec le développement du lien social entre les humains et le développement du sourcil en tant qu’outil de communication (fig. 1).
Il est remarquable qu’à travers l’évolution de l’homme la forme des arcades sourcilières soit restée quasiment la même depuis l’homo Rhodesiensis présent en Afrique durant le Pléistocène moyen, entre environ 700 000 et 300 000 ans avant notre ère jusqu’à l’homo Neanderthalensis présent jusqu’à 35 000 ans avant JC. L’arcade sourcilière marque la jonction entre la boîte crânienne et les structures osseuses de la base du crâne. Paradoxalement, il semble que ce ne soit pas la majoration du volume du cerveau qui ait été l’élément déterminant pour l’atténuation des arcades sourcilières.
Selon les archéologues, l’affinement de notre visage (gracilization en anglais) a été contemporain de la meilleure sociabilité de nos ancêtres lointains (self-domestication) [2]. Selon Darwin, l’évolution récente des humains a fait intervenir la sélection des plus sociables de nos ancêtres [3]. De nombreux auteurs ont montré qu’il était en effet plus facile de survivre (et de se reproduire) lorsqu’on vivait en groupe [4].
D’autres mammifères ont bénéficié du même phénomène d’affinement de la face allant de pair avec le lien social et l’auto-domestication des individus. Il y a 20 000 à 40 000 ans, certains loups, parmi les moins craintifs, les moins agressifs les plus sociables ont pu être adoptés par des humains (fig. 2). Les chiens ont ensuite été progressivement sélectionnés en fonction de leur capacité à vivre avec les humains. Plus proches de nous, les bonobos ont aussi une meilleure sociabilité, une moindre agressivité et aussi une réduction des arcades sourcilières par rapport à leurs cousins les chimpanzés [4].
Les modifications morphologiques pourraient être liées à une plus grande réactivité à certaines hormones influençant à la fois le squelette et les comportements [2]. Ainsi, libérés de la contrainte d’arcades sourcilières proéminentes[...]
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