La physiopathologie de l’augmentation de la prévalence de la myopie reste actuellement très discutée. L’hypothèse génétique a été avancée initialement devant l’augmentation du risque de myopie avec les antécédents familiaux de myopie et la forte prévalence en Asie de l’Est par rapport aux populations européennes ou nord-américaines. Le risque relatif de devenir myope est de 1,98 avec un parent myope, et 2,98 avec les deux parents myopes (McKnight, et al. 2014). Aucune corrélation entre le degré de myopie et certains loci n’a pu être mise en évidence. L’absence de relation claire entre le génotype et le phénotype fait relativiser la part génétique dans la physiopathologie de la myopie. Le rôle joué par l’environnement paraît ainsi prépondérant.
L’augmentation de la prévalence et du degré de gravité de la myopie serait en grande partie due à un changement des activités au cours des dernières décennies : réduction des activités physiques en extérieur, augmentation du travail de près, urbanisation… L’exposition à la lumière (approchée par la pratique du sport en extérieur) est un facteur de freination de la myopie. Des études ont montré qu’une exposition supérieure à 2 heures par jour diminue le risque d’évolution myopique par trois (French, et al. 2013a) et que la myopie évolue moins vite durant les périodes ensoleillées (0.14 dioptries d’avril à septembre contre 0.35 dioptries d’octobre à mars) (Gwiazda et al. 2014). Les hypothèses physiopathologiques soulignent le rôle potentiel de la dopamine. Les études chez l’animal ont ainsi mis en évidence une aggravation de la myopie chez des poulets exposés à des faibles luminosités (500 lux versus 15 000 lux), ainsi qu’une aggravation de la myopie en cas d’injection intravitréenne d’un antagoniste dopaminergique, la spiperone (Ashby and Schaeffel, 2010).
Le travail de près serait un autre facteur important de progression de la myopie (Ip, et al. 2008). Il serait dû au défocus hypermétropique en périphérie de la rétine, induit par la myopie forte. Il est aussi démontré que la prévalence de la myopie et le degré de sévérité de la myopie sont corrélés au niveau d’étude : plus le niveau d’étude est élevé, plus la myopie augmente. Les études récentes relèvent en parallèle une augmentation de l’usage des tablettes et smartphones avec diverses répercussions neuropsychologiques. Même si les écrans sollicitent particulièrement la vision de près, aucune étude à ce jour n’a pu mettre en évidence un lien avec l’augmentation de prévalence de la myopie. Le rôle respectif de chaque facteur (lumière, travail de près, niveau d’étude) est complexe à établir du fait de leur étroite corrélation.
Au-delà de ces éléments[...]
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